Avec mon boss, c'est plus possible... Comment je m'en suis sortie
- Stephanie
- 29 févr. 2016
- 5 min de lecture

Conversation entre deux amies :
Julie : Je n’y arrive plus au boulot. Je suis complètement déphasée. Avec mon chef nous ne nous entendons pas.
Elodie : Comment sont tes relations avec ton lui ?
Julie : En permanence conflictuelles. C’est simple, dès qu’il a une idée en tête, il voudrait que je l’applique sans discuter.
Elodie : C’est ton job, non ? Tu es payée pour appliquer les décisions qu'il prend ?
Julie : Oui, c’est vrai. Mais je trouve ses décisions peu analysées ni réfléchies et elles me rendent moins efficaces dans mon travail.
Elodie : Lui communiques-tu ton impression ?
Julie : Oui. Je lui dit qu’il ne fait pas assez marcher sa boite à cerveau.
Rires.
Elodie : Et tu es sûre qu’il ne jongle pas entre les différentes demandes de ses propres chefs et que de ton point de vue tu ne peux pas avoir toutes les billes pour comprendre ses décisions ?
Julie : J’en suis sûre. J’ai eu beaucoup d’échos des autres services, les retours sont exactement les mêmes : pas assez d’analyse et décisions trop brouillons.
Elodie : Bon, apparement il n'est pas très bon dans ce qu'il fait. Il ne doit pas non plus apprécier que tu lui fasses remarquer qu’il a la lumière à tous les étages mais que certains fils sont inversés. Il réagit comment dans ces cas-là ?
Julie : Pas très bien mais il ne se remet pas en question, au contraire, il se ferme comme une huitre et répète plus fort ce qu’il vient de dire.
Elodie : Je peux le comprendre. Comme si j’avais une tignasse dégueulasse sur la tête que je n’arrivais pas à coiffer. Tu peux me dire : « Non mais Elo, prend le temps de te coiffer le matin. As-tu essayé de comprendre pourquoi tu n’arrivais pas à les coiffer ? As-tu testé des shampooings spécifiques ou des laques ? ». La conclusion reste la même : tu as beau m’orienter vers des solutions, m’expliquer que venir le matin avec ma choucroute sur la tête ce n’est plus possible, ce n’est pas pour autant que je partage ton point de vue. Parce que, si ça se trouve, je me plais avec ma choucroute. Et comme je me sens belle et désirée, tes remarques deviennent des attaques que je prends personnellement. Pour ton chef, ça semble similaire. Tu as beau lui expliquer et lui réexpliquer pourquoi ses décisions ne sont pas les plus pertinentes et à quel point elles impactent ton travail, n’étant pas câblé comme toi, il ne comprend pas les raisons de tes remarques.
Julie : Sûrement.
Pause.
Julie : Et si je lui donnais des exemples de décisions qui m’ont fait perdre du temps ?
Elodie : Dans quel but ?
Julie : Lui faire voir la vérité : j’arrive à réaliser un travail plus efficace sans prendre en compte ses demandes.
Elodie : La vérité absolue n’existe pas. N’oublie pas qu’il s’agira toujours de ta vérité. Celle de ton chef est peut-être d’appliquer trait pour trait les directives de sa propre direction, donc tu comprends qu’avec cet exemple-là, vous ne pouvez pas trouver de terrain d’entente.
Julie : Oui, c’est vrai. Mais si j’arrivais à démanteler ses idées une par une avec des arguments en béton ?
Elodie : En entrant en conflit avec lui ?
Julie : Oui, obligatoirement.
Elodie : Bien que le conflit est censé n’être qu’une confrontation constructive de points de vue, si ton chef le vis comme une attaque verbale, il se sentira obligé de se défendre à sa façon. Vous vous retrouverez une nouvelle fois enfermés dans cette position d’attaque/défense.
Julie, avec une grimace : Sûrement.
Nouvelle pause.
Elodie : Est-ce si grave si, en répondant aux attentes de ton chef, tu deviens moins efficace au travail ?
Julie : Mmmm… Oui. Parce que je sais que je vaux mieux que la collaboratrice qui va bêtement exécuter ses directives.
Elodie : Mais tu n’as pas besoin de prouver quoi que ce soit, tu sais ce que tu vaux et les personnes à qui tu tiens le savent également.
Julie : Oui, je comprends où tu veux en venir. Ce doit être mon égo qui prend le dessus en voulant à tout prix montrer que je suis plus réfléchie que la personne pour qui il me fait passer.
Elodie : Ton égo ne te permet pas de t’adapter à la situation. Pourquoi ? Certainement parce que tu as besoin de te prouver quelque chose. Que se passerait-il si tu avais plus confiance en toi ?
Julie : Je pense que je me ficherai complètement de ses directives à la noix. Je les appliquerai parce qu’il est mon chef et je continuerai d’être la plus carrée possible à côté. Même si cela m’oblige à mettre en place des actions irréfléchies.
Elodie : Oui, tu as tout compris.
Ce texte est tiré d'une expérience personnelle vécue en 2015.
A cette époque, je travaillais dans l’industrie aéronautique et j’étais sans cesse en conflit avec mon supérieur et ce, malgré les nombreux efforts de communication et d’attitude que nous mettions mutellement en œuvre. En me remettant souvent en question, j'ai finalement remarqué qu'au lieu de chercher une solution à l'extérieur de moi (le soutien de ma direction, l'aide de collègues de travail, la compréhension de mon chef...), il me fallait puiser à l’intérieur de moi. J’ai donc travaillé sur trois axes :
- Le lâcher-prise : j’ai arrêté de me mettre constamment à contre-courant et me suis autorisée à me laisser porter par lui, sans lutter. Il m’est alors devenu facile d’accepter les décisions de mon chef sans qu’il m’ait auparavant sollicité ni demandé mon consentement car, en suivant le courant, je me suis mise à comprendre la philosophie et l’orientation (même brouillon) de ma direction.
- La confiance et l’estime de soi : mes accrochages avec mon chef m’ont longtemps laissé pensive sur la valeur de mon travail et l’efficacité de mes actions. Etre sans cesse en conflit m’a obligé à remettre en doute ma façon de penser, mes décisions et mes agissements. En prenant les exemples les plus objectifs possibles avec l’aide de mes collègues, je me suis rendue compte que mon travail avait une vraie valeur ajoutée et que les actions que je menais portaient réellement ses fruits. En réalisant cela, j’ai regagné la confiance en moi que j’avais petit à petit involontairement mise de côté. Je redécouvris que même si je faisais des erreurs, je valais bien plus que l’image de moi qui se reflétait dans le regard de mon chef.
- Le respect de soi : la confiance regagnée et la lutte incessante stoppée, j’ai compris que le dernier point qu’il me manquait était le plus important : le respect envers moi-même. En respectant mes propres besoins (de communication, de charge de travail maximale, de zone de confort : voir l’article correspondant), je bâtis autour de moi un champ de force perceptible par les autres. En définissant mes limites, je me respecte et j’impose aux autres de manière inconsciente de me respecter de la même façon.
Bien à vous,
Stephanie
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